Eviction et traitements
Face à l’allergie, nous ne sommes pas seuls.  Pourquoi la diagnostiquer au plus tôt ? À qui en parler ? Quels sont les traitements ? Quels réflexes adopter dès aujourd’hui ?
Le diagnostic précoce, facteur clé d’une prise en charge réussie

Repérée et identifiée tôt, l’allergie se soigne mieux

Dès l’identification des premiers signes, il est important de consulter son médecin traitant afin d’évaluer le potentiel allergique des symptômes. L’identification d’un terrain atopique familial, les circonstances de déclenchement des symptômes, la saisonnalité et les conditions de vie (type d’habitat, tabagisme actif ou passif, loisirs…) permettent d’orienter le diagnostic vers une forme d’allergie. Le médecin traitant peut demander des tests sérologiques de dépistage. Ces tests sanguins mesurent les anticorps appelés IgE vis-à-vis d’un mélange équilibré d’aéro-allergènes, ce qui permet d’évaluer rapidement une sensibilisation lorsque l’on suspecte une allergie respiratoire. Selon les résultats du test sanguin de dépistage et le tableau clinique, le médecin traitant peut adresser le patient à un médecin allergologue.

Le bilan allergologique

L’intervention du médecin allergologue permet de confirmer le diagnostic par un interrogatoire précis, d’identifier le ou les allergènes en cause grâce à des tests cutanés consistant à tester la réaction de la peau au contact d’une toute petite quantité d’allergène pour savoir si la personne est sensibilisée à certains allergènes. 

Ils peuvent être complétés par des tests sanguins afin d’identifier l’allergène responsable et de mesurer le taux d’anticorps du patient dirigés contre cet allergène. Cette biologie sophistiquée peut permettre à l’allergologue d’identifier les réactions allergiques croisées, de décider de l’éviction de nouveaux allergènes, de la mise en place d’une immunothérapie allergénique (désensibilisation) ou de l’arrêt de certaines évictions.

En cas de suspicion d’asthme, des Explorations Fonctionnelles Respiratoires ou EFR (mesures du souffle) sont nécessaires pour évaluer son importance et mettre en place le traitement. Le diagnostic de l’allergie permet d’envisager une prise en charge adaptée.

7 ans
Les patients allergiques attendent 7 ans en moyenne avant d’être pris en charge.
87%
des Français ignorent que l’allergie peut être diagnostiquée dès les premiers mois de l’enfant. (IFOP : 2019- L’allergie de l’enfant)

Focus : L’allergologue, un interlocuteur privilégié

Pourquoi consulter un allergologue ?

Parce qu’il est formé et équipé pour identifier les symptômes, conduire un interrogatoire précis et réaliser un bilan allergologique qui permettra d’identifier l’allergène responsable de l’allergie avant de prescrire un traitement adapté.

L’allergologue intervient dès le diagnostic de la maladie allergique. Il initie une véritable relation avec ses patients et les accompagne dans la durée afin de contrôler l’évolution des symptômes et de prévenir les risques d’aggravation. Grâce à son expertise, il est un référent de choix pour conseiller les patients et les aider à mieux vivre avec leur allergie au quotidien.

Où trouver un allergologue ?

Le médecin traitant consulté à l’apparition des premiers symptômes peut orienter le patient vers un allergologue ou un autre médecin spécialisé dans la prise en charge de l’allergie (pneumologue-allergologue, pédiatre-allergologue, dermato-allergologue par exemple). Il est également possible de consulter l’annuaire de l’Assurance Maladie http://annuairesante.ameli.fr/ ou l’annuaire du Syndicat Français des Allergologues : www.syfal.net

Maîtriser son environnement au quotidien

Pour chaque patient, la prise en charge passe d’abord par un contrôle de l’environnement, plus ou moins efficace et facile à mettre en place selon l’allergène en cause. L’objectif est de réduire au maximum les contacts avec le(s) allergène(s). On parle aussi d’éviction : une démarche de bon sens qui, le plus souvent, ne génère aucun coût et permet de réduire la fréquence d’apparition des symptômes. 

Aérer

  • ouvrir les fenêtres 20 minutes 2 fois par jour (matin et soir)
  • aérer davantage lorsque vous pratiquez une activité générant de l’humidité ou des polluants (ménage, bricolage…) 

Ouvrez les fenêtres 20 minutes deux fois par jour : pour renouveler et assainir l’air ! 

Ventiler 

  • Laver régulièrement les entrées d’air et les aérations
  • Vérifier qu’elles ne soient pas bouchées
  • Faire réaliser un bilan par un spécialiste tous les trois ans

Faire le ménage 

  • Passer l’aspirateur 2 fois par semaine et changer régulièrement le sac d’aspirateur
  •  Utiliser de préférence des filtres Haute Efficacité pour les Particules Aériennes (HEPA) pour l’aspirateur
  • Éviter le balayage à secPrivilégier les produits naturels : savon noir, bicarbonate de soude, vinaigre blanc et eau froide
  • Eviter les bougies parfumées, les parfums d’intérieur, encens, papier d’Arménie…
  • Respecter les notices des produits chimiques et limiter leur nombre en intérieur
  • Ne pas mélanger les produits entre eux
  • Laver régulièrement les textiles en machine à 60°C (draps, rideaux,…)
  • Secouer en plein air les éléments textiles non lavables en machine (de préférence au soleil, car les ultras violets empêchent la prolifération des acariens)
  • Utiliser des gants de vinyle et non en latex

En cas d’allergie aux acariens

  • Adopter pour la literie des housses anti-acariens intégrales et certifiées (avec une fermeture éclair, qui entourent complètement le matelas). Tous les matelas d’une même chambre doivent avoir une housse anti-acariens lorsque l’un des enfants est allergique….  Pour connaître la liste des housses anti-acariens, n’hésitez pas à contacter le numéro vert d’Asthme & Allergies ;
  • Choisir des sommiers à lattes (sans textile) avec des pieds permettant d’éviter le contact avec le sol.
  • Choisir des oreillers, traversins, couettes, édredons en matière synthétique lavable. Laver tapis, oreillers et couette tous les 4 à 6 mois.
  • Éviter les peluches en grand nombre et les laver tous les 4 mois à 60° en machine ;
  • Laissez la literie s’aérer le matin avant de refaire le lit.

Laver régulièrement les textiles en machine à 60°C (draps, rideaux,…)

Focus : Le Conseiller Médical en Environnement Intérieur/CMEI

 

Le Conseiller Médical en Environnement Intérieur (CMEI) est un interlocuteur privilégié en matière de contrôle et d’information sur la qualité de l’air intérieur. Le CMEI se rend chez la personne allergique afin de réaliser un audit des allergènes et polluants. Il profite de cette visite pour partager des conseils pratiques afin d’éviter la présence d’allergènes sur le lieu de vie.

Intervenant sur demande des médecins (généralistes, allergologues…) sa visite est gratuite lorsqu’il est rattaché à une structure publique (hôpitaux, CHU, réseaux d’éducation, DDASS, service d’hygiène des villes). Elle peut être payante quand l’activité est exercée de manière libérale.

Toutes les informations sur le site : www.cmei-france.fr

Les différents traitements de l’allergie

Limiter les contacts avec les allergènes n’est pas toujours suffisant… ni même possible en cas d’allergie aux pollens. En fonction du diagnostic, de la gravité et de l’intensité des symptômes, différents types de traitements sont envisagés, du traitement symptomatique (ponctuel) à la désensibilisation (traitement de fond).

Les traitements symptomatiques

Prescrits par le médecin allergologue et le médecin traitant, ces médicaments réduisent et soignent les symptômes de l’allergie. NB : certains sont disponibles sans ordonnance.

Les plus fréquemment utilisés dans la prise en charge des allergies respiratoires sont :

Les antihistaminiques : premiers traitements utilisés en allergologie, avec ou sans ordonnance, ils sont utilisés pour soigner les symptômes des rhinites allergiques et ont un effet rapide sur l’écoulement et les démangeaisons nasales fréquents dans les allergies au pollen. Ces traitements sont efficaces mais leurs effets cessent dès l’arrêt de la prise car ils ne s’attaquent ni à la cause, ni à la chronicité de la maladie allergique, quelle qu’en soit la sévérité.

Les corticoïdes : prescrits pour leurs propriétés anti-inflammatoires, les corticoïdes, efficaces pour réduire l’obstruction nasale et l’inflammation des bronches, sont utilisés sous forme de pulvérisations nasales dans le traitement de la rhinite allergique et sous forme inhalée dans le traitement de fond de l’asthme.

Les antileucotriènes : ces médicaments bloquent l’action des leucotriènes (substances produites par l’organisme lors d’une réaction allergique). Ils sont principalement prescrits dans le traitement de l’asthme lié à l’effort et dans le traitement de fond de l’asthme.

Les bronchodilatateurs : prescrits en cas de crise d’asthme, ils dilatent les bronches de façon à soulager la gêne respiratoire et constituent le traitement de crise. Les bronchodilatateurs de longue durée d’action peuvent être associés aux corticoïdes en traitement de fond. Ils sont administrés sous forme inhalée.

Focus : le traitement spécifique de l’asthme 

On distingue deux types de traitements de l’asthme : le traitement de la crise d’asthme (manifestation aigüe) et le traitement de fond. Dans le premier cas, on utilise très souvent un bronchodilatateur, voire des corticoïdes en cas de crise plus sévère. Pour un traitement de fond, on associe selon les cas, des corticoïdes inhalés à des bronchodilatateurs ayant une durée d’action plus longue et/ou à des antileucotriènes. En cas d’asthme sévère d’origine allergique qui ne s’améliorerait pas malgré un traitement de fond utilisé à bonnes doses, de nouveau médicaments, sous forme injectable, sont apparus sur le marché (anti-IgE, anti Il5).

La désensibilisation (ou immunothérapie allergénique) : traitement de fond de l’allergie

L’immunothérapie allergénique (ITA) est le seul traitement de l’allergie efficace à long terme (1,2,3) sur tous les symptômes allergiques (4). L’ITA permet de créer une tolérance à long terme des allergènes, en modifiant durablement la réponse immunitaire (5,6). C’est un traitement qui rééquilibre le système immunitaire (7,8,9,10). Ses effets bénéfiques se poursuivent après l’arrêt du traitement. Elle permet de diminuer le recours aux traitements symptomatiques (11,12,13) et peut jouer un rôle préventif dans l’apparition de l’asthme et de nouvelles formes d’allergies (14).

L’immunothérapie allergénique consiste à rééduquer le système immunitaire en administrant au patient des doses de l’allergène responsable pendant 3 à 5 ans. Même si un soulagement est ressenti après quelques mois, il est essentiel de bien respecter la durée prescrite par le médecin pour bénéficier de l’efficacité du traitement.

L’immunothérapie allergénique peut être envisagée une fois l’allergie diagnostiquée et l’indication posée. Des traitements sous forme de gouttes à mettre sous la langue (APSI : allergènes préparés spécialement pour un individu) peuvent être utilisés sur prescription médicale pour la rhinite et l’asthme allergique. Ils sont remboursés à 30%. Pour les allergies aux acariens et aux pollens de graminées, des traitements en comprimés ont également démontré leur efficacité. Ils sont remboursés à hauteur de 15 % par l’assurance maladie.

3 ans
C’est la durée moyenne d’un traitement de désensibilisation, seul traitement à s’attaquer aux causes de l’allergie.
5 ans
La désensibilisation est possible dès l’âge de 5 ans.

1-Bousquet J et al. Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma (ARIA). Allergy 2008: 63 (Suppl. 86): 8–160

 2-Didier A et al. Sustained 3-year efficacy of pre- and coseasonal 5-grass-pollen sublingual immunotherapy tablets in patients with grass pollen-induced rhinoconjunctivitis. J Allergy Clin Immunol. 2011;128:559-66

 3-Durham SR et al. Long-term clinical efficacy in grass pollen-induced rhinoconjunctivitis after treatment with SQ-standardized grass allergy immunotherapy tablet. J Allergy Clin Immunol. 2010;125:131-8.

 4-Didier A et al. Optimal dose, efficacy, and safety of once-daily sublingual immunotherapy with a 5-grass pollen tablet for seasonal allergic rhinitis. J Allergy Clin Immunol. 2007, 120:1338-1345.

 5-Novak N, et al. Immunological mechanisms of sublingual allergen-specific immunotherapy. Allergy 2011;66:733-9.

 6-Fujita H et al. Mechanisms of allergen-specific immunotherapy. Clin Transl Allergy 2012, 2:2.

 7-Durham SR et al. Long-term clinical efficacy of grass-pollen immunotherapy. N Engl J Med. 1999 Aug 12;341(7):468-75.

 8-Durham SR et al. SQ-standardized sublingual grass immunotherapy: confirmation of disease modification 2 years after 3 years of treatment in a randomized trial. J Allergy Clin Immunol. 2012;129:717-25

 9-Didier A et al. Post-treatment efficacy of discontinuous treatment with 300IR 5-grass pollen sublingual tablet in adults with grass pollen-induced allergic rhinoconjunctivitis Clin Exp Allergy 2013;43:568-77

 10-Scadding GK, et al. British Society for Allergy and Clinical Immunology. BSACI guidelines for the management of allergic and non-allergic rhinitis. Clin Exp Allergy. 2008 Jan;38(1):19-42.

 11- Wahn U et al. Efficacy and safety of 5-grass-pollen sublingual immunotherapy tablets in pediatric allergic rhinoconjunctivitis. J Allergy Clin Immunol. 2009;123:160-166 e3

12- Durham SR et al. Sublingual immunotherapy with once-daily grass allergen tablets: a randomized controlled trial in seasonal allergic rhinoconjunctivitis. J Allergy Clin Immunol 2006;117:802-9.

 13- Didier A Malling et al. Optimal dose, efficacy, and safety of once-daily sublingual immunotherapy with a 5-grass pollen tablet for seasonal allergic rhinitis. J Allergy Clin Immunol 2007;120:1338-45

 14-Calamita Z et al. Efficacy of sublingual immunotherapy in asthma: systematic review of randomized-clinical trials using the Cochrane Collaboration method. Allergy 2006;61:1162-1172.

Focus : l’éducation thérapeutique

 

L’éducation thérapeutique permet d’apprendre à vivre avec l’asthme en identifiant ses symptômes, en contrôlant mieux son environnement… Elle est généralement réalisée par des équipes multi-disciplinaires : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues… Des écoles de l’asthme dédiées à l’éducation thérapeutique (souvent localisées ou associées à un hôpital) permettent aujourd’hui d’aborder toutes les questions que se posent les patients au quotidien à travers un échange et des ateliers interactifs.

La liste des écoles de l’asthme et de l’allergie alimentaire est disponible auprès de l’association Asthme & Allergies : par téléphone au 0 800 19 20 21 (numéro vert) ou sur le site Internet www.asthme-allergies.org

Symptômes et conséquences

Questions / Réponses